Limbo

Limbo

Eteignez les lumières, montez le son du casque stéréo, et laissez vous imprégner de l'ambiance si particulière de ce jeu de plateformes atypique venu du Danemark. Jouez sombre, jouez Danois, jouez à Limbo.

Décidément le XBLA est un petit vivier à pépites. Après la claque de Braid, ou dans tout d’autres genres, Trials HD et Shadow Complex, le Summer of Arcade 2010 de Microsoft nous offre ce qui apparaissait depuis les premiers screens il y a quelques mois, comme un jeu de plateforme à la direction artistique radicale.

Car autant ne pas se voiler la face plus longtemps, on s’arrêtera pas sur Limbo pour ses qualités de gameplay, ou son originalité de gamedesign. Pas que ces dernières ne soient pas au rendez-vous, loin de là, mais ce qui fait tout l’interêt et le sel du jeu de Playdead, c’est sans conteste son parti pris artistique ravageur.

Dès le premier niveau, on ne sait rien de plus que le fait qu’on incarne un petit garçon, propulsé au milieu d’une forêt crépusculaire et inhospitalière. Pas de musique (ou très peu) seuls quelques bruitages de vent soufflant dans les arbres, de craquements, de hululements viennent briser la solitude apparente de ces immenses troncs d’arbres qui viennent obscurcir la lumière. De ce fait, Limbo joue avec les clairs/obscurs comme on n’a rarement pu le voir dans un jeu. Spectacle d’ombres chinoises dansant sous nos yeux, les sprites du premier plan ne sont guères que des silhouettes découpées sur un environnement et un décor plus travaillé, au grain discret mais élégant. Une direction artistique qui n’est pas sans évoquer une certaine idée de l’esthétique développé dans le cinéma expressionniste allemand. Sans vouloir non plus trop « namedropper » des reférences culturelles à la Télérama, il est évident que les Danois de Playdead ont avant tout misé sur l’atmosphère du jeu et sont allés chercher l’inspiration là où on ne les attendait pas forcément. Bonne initiative.

Limbo navigue donc dans les eaux de ces contes pour enfants revus à sauce glauque. Je ne pense pas forcément à Tim Burton, bien trop gentillet pour l’univers de Limbo. Parce que sous ses airs poétiques, le jeu n’en oublie pas d’être cinglant niveau violence. Ainsi, il n’est pas rare qu’une de vos fautes soit sévèrement puni par une mort atroce. Démembrement, décapitation… tout ça se passe toujours en ombre chinoise néanmoins, donc l’intégrité des plus émotifs sera sauf.

D’un point de vue purement gamedesign, comme je l’expliquais au début, Limbo ne se distingue donc pas non plus par son originalité folle ou sa créativité débridé. Il s’agit avant tout de plateforme classique, de puzzle-game relativement abordable. Limbo fait partie de cette famille de jeux, un peu disparue aujourd’hui, où le « die and repeat » fait loi. On apprend par l’erreur, et au final, hormis quelques épreuves un brin tirées par les cheveux, le jeu se pliera en quelques heures, même pour les moins endurcis au genre. Si ce critère pourrait sembler un défaut majeur pour certains, au final, le bilan est plus que positif, et pour les malheureux 1200 points investis, on vient de vivre une expérience sensorielle différente. Un poême sombre, dont la noirceur et le pessimisme révèle une beauté magnétique comme seuls d’autres oeuvres culturelles, hors jeu-vidéo, avait pu jusqu’alors me faire ressentir.

6

Le XBLA nous offre une fois de plus un petit jeu indé à la direction artistique radicale et envoûtante. N'écoutez pas les mauvaises langues, malgré sa durée de vie courte, Limbo vaut très largement ses 1200 points.
10 août 2010 by Freakmaster

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